Elle aussi se loue pour les buées de printemps chez les riches . Les moins riches feront une deuxième buée à l'automne
Le linge était empilé dans le cuvier. On pose par dessus une grosse toile de chanvre sur laquelle est étalée une couche de 5 à 10 centimètres de cendre de bois,
-"du chêne, rien que du chêne" disait Madame !
On y mélangait des racines d’iris pour parfumer le linge. On versait par dessus de l’eau bouillante. Cela forme le lessif : les sels de potasse contenus dans les cendres vont agir plusieurs jours.
. Les laveuses procédaient alors au savonnage, au dégorgeage et au rinçage.
Elles prenaient leur battoir*, savon et brosse de chiendent *et carrosse*, plein de paille dans laquelle elles s’agenouillaient. Le linge va être trempé dans l’eau claire et souvent très froide : il sera battu, tordu,battu, tordu, et frotté, et rincé plusieurs fois.
-" j'en ai t'y marre, mais j'en ai t'y marre" dira Angéle les jours de grande fatigue!
Les grandes pièces de chanvre seront ensuite remontées aux habitats et étendues sur l’herbe du pâti. Le soleil, la lune donneront ce blanc que nos lessives mordantes ont bien du mal à nous fournir !
Le lavoir est le lieu où l’on cancane et même si le métier et le labeur est difficile, on y connaît de bons moments : fou- rires, chansons et potins…
Quelques fois, une claque résonne, ce sont deux commères qui se disputent une place autour du bassin ou dans le cœur de l’homme….
* Agenouilloir ou baquet ou carrosse : Caisse en bois garnie intérieurement de paille ou de morceaux de tissus pour protéger les genoux des lavandières.
* Battoir ou tapoir : Outil en hêtre avec lequel la lavandière battait son linge sur la pierre pour l'essorer. La taille et la forme du battoir étaient généralement ajustées à son utilisatrice.
*Cuveau, cuvier, ponne : Grand baquet muni d'une chantepleure pour la vidange .Il servait à faire tremper le linge dans un mélange eau et de cendres.